On peut guérir du cancer colorectal très tôt découvert

Un régime riche en forces et la consommation de fruits et légumes réduisent les risques d’avoir un cancer colorectal. Toutefois, lorsque ce type de cancer est détecté à un stade précoce, on peut le guérir à Maurice. Dans des ces avancés plus difficiles, on peut offrir une meilleure qualité de vie aux patients, nous assure le Dr Iqtidaar Oaris. Il conseille ainsi de manger sainement, de maintenir un poids santé et de se faire dépister. « On devrait également réduire la consommation de viande rouge, de tabac et d'alcool, arrêter de fumer, faire de l’exercice régulièrement », recommande-t-il.

Dr Oaris, vous exercez comme chirurgien dans les hôpitaux du pays et nous assistons depuis quelque temps à une montée de certains types de cancers, notamment colorectal. Est-ce comme dans les pays industrialisés ?

Oui, il y a eu une augmentation notable de l'incidence de cancers colorectaux ces dernières années, qui est presque identique à celle des pays industrialisés. Des données récentes de la Commission européenne indiquent que le cancer colorectal représentait 12,7 % de tous les nouveaux cas de cancer en 2020, tandis qu'à Maurice il représentait 12,2 % (données de Globocan 2020). Cette hausse de l'incidence pourrait s'expliquer par un meilleur programme de dépistage et, par conséquent, plus de cancers sont maintenant diagnostiqués et traités qu'auparavant.

Les mauvaises habitudes alimentaires sont pointées du doigt trop de viandes rouges, le tabac et aussi l'alcool, l'explosion des fast food, par exemple, mais il y a aussi le facteur génétique. Bref, nous ne savons pas manger ! Qu'est-ce qui a contribué selon vous à cette montée de ce cancer à Maurice ?

L'occidentalisation de notre mode de vie est la principale responsable de la hausse de l'incidence du cancer colorectal. 95 % de ces cas de cancer sont dus à des causes sporadiques telles que les habitudes alimentaires (viande et fast food), L'obésité, le tabac et la consommation d'alcool qui augmentent à Maurice aussi bien que dans d'autres pays.

Auparavant à Maurice, dans les années 60 et avant même, on ne mangeait pas à sa faim. Aujourd'hui c'est l'inverse. Est-ce la conséquence des maladies non transmissibles comme le cancer, le diabète...

Oui, la suralimentation, la consommation d'aliments malsains, l'obésité et le mode de vie sédentaire sont les principales causes d'une augmentation de l'incidence des maladies non transmissibles telles que le diabète sucré, l'hypertension et le cancer.

Le paradoxe, Dr Oaris, c'est qu'on conseille de manger beaucoup de fruits et légumes, mais des végétariens ne souffrent-ils pas du cancer colorectal et d'autres types de cancer ? Ce qui implique que nous ne sommes à l'abri de rien, qu'on mange ou pas de légumes et fruits et qu’on fait un peu de sport ?

Non, les végétariens sont également à risque du fait que 5 % des cancers colorectaux sont dus à des facteurs familiaux et génétiques. Ce groupe de patients à haut risque peut être identifié par des programmes de dépistage réguliers et plus structurés comprenant une coloscopie plus précoce à intervalles plus courts et des tests sanguins occultes des déjections.

Faut-il exercer un contrôle plus strict sur les pesticides à Maurice mais aussi sur les produits de consommation importés. Exemple : plusieurs conserves en boîte contiendraient du bisphénol, pourquoi ne pas les bannir, surtout les tomates en boîte, et exiger des boîtes en conserve avec une couche protectrice blanche à l'intérieur comme en Europe ?

De nombreux facteurs environnementaux peuvent expliquer les cancers colorectaux dans le monde entier, par exemple l'utilisation de pesticides organophosphorés par des agriculteurs qui risquent trois fois plus de développer le cancer. Un risque élevé de cancer colorectal a été également associé à l'utilisation prolongée de conservateurs et de produits chimiques comme les amines hétérocycliques (dans les aliments grillés), l'acrylamide (frites françaises et biscuits), les nitrates et nitrites (utilisés comme conservateurs pour la couleur rouge de la viande, les saucisses, le bacon).

Le bisphénol se trouve dans les contenants en plastique qui stockent les aliments et boissons dont les bouteilles d'eau et aussi à l'intérieur de produits métalliques tels que les canettes alimentaires et les conduits d'approvisionnement en eau. La FDA a dit qu'il est sûr à des niveaux très bas dans certains aliments et elle continue toujours à le surveiller. Peu d'étapes pour réduire l'exposition au bisphénol sont d'utiliser des produits sans BPA, d'éviter de chauffer des contenants en plastique, de réduire l'utilisation d'aliments en conserve et d'utiliser des contenants en verre, en porcelaine et en acier inoxydable pour les aliments chauds plutôt que des contenants en plastique.

Le glutamate de sodium a fait débat et suscité des controverses. Cet additif est utilisé surtout dans de nombreux restaurants et fast food, et aussi dans des agents conservateurs, des colorants, des hormones dans le secteur de l’agro-industrie… Votre avis Dr Oaris ?

Le glutamate de sodium a été reconnu comme produit sûr par la FDA, mais son utilisation demeure controversée. Pour les colorants et autres agents de conservation, nous avons réponde plus tôt.

La chirurgie a-t-elle évolué aujourd'hui par rapport il y a dix, 20 ans, concernant ce type de cancer ? Et guide de Maurice en termes de facilités et d'équipements de dernière technologie ?

Oui, la chirurgie des cancers colorectaux s'est énormément améliorée au cours des dernières décennies. C'est pourquoi nous insistons beaucoup sur les programmes de dépistage afin de diagnostiquer tout cancer colorectal à un stade précoce. De tels cancers, s'ils sont détectés, peuvent même être guéris par la chirurgie à condition qu'il n'y ait pas d'invasion locale ou de métastases à d'autres organes. Maurice est à la traîne en termes de technologies et d'équipements, mais l'expertise chirurgicale est disponible. Le ministère fait beaucoup d'efforts pour améliorer les installations et éduquer les patients sur le cancer colorectal et l'importance d'un diagnostic précoce.

Peut-on guérir de ce type de cancer obligatoirement par la chirurgie à Maurice ?

Oui, comme mentionné ci-dessus, une fois que les cancers colorectaux sont détectés à un stade précoce, ils peuvent être guéris à Maurice également. En ce qui concerne les cancers à un stade avancé, il y a malheureusement un résultat plus médiocre, mais des équipes pluridisciplinaires impliquant des chirurgiens, des oncologues, des radiologues, des pathologistes et des médecins aident au traitement de cas avancés plus difficiles de nos jours et offrent une meilleure qualité de vie aux patients.

Pour vous, qu'est-ce qu'une hygiène alimentaire saine ? Quand et quoi manger finalement ?

Un régime riche en fibres, la consommation de fruits et légumes sont liés à un risque réduit de cancer colorectal. Les gens devraient réduire la consommation de viande rouge, de tabac et d'alcool également.

Quelles sont les mesures à prendre pour freiner la montée de ce type de cancer mais aussi les autres formes de cancer à Maurice ?

Pour résumer, les mesures sont de manger sainement, de Iimiter la consommation d'alcool, d'arrêter de fumer, de faire de l’exercice régulièrement, de maintenir un poids santé et de se faire dépister.

Faut-il taxer les fast food qui brassent des milliards de roupies chaque année, car il semble que l'éducation, la sensibilisation ne marchent pas trop avec le taux élevé d'obésité à Maurice ?

Cela pourrait être l'un des moyens de prévention de la maladie. Mais nous savons très bien que dans cette époque moderne où presque tous les Mauriciens travaillent et ont un emploi du temps chargé, ils finiraient éventuellement par recourir à la restauration rapide qui est facilement disponible et plus pratique pour eux.

Le Dr lqtidaar Oaris, MRCS Édimbourg.

Source : Discover & Invest Issue 19